J+7. Bravo et merci !
J+7.
J+7 après une folle soirée électorale. Et une non moins incroyable campagne. Hier j’ai croisé Colette. Colette je ne la connaissais pas. Elle m’a interpellée dans la rue en me disant « Manon c’est bien vous ? Je ne me trompe pas ? » Non tu ne trompes pas et tu peux me tutoyer. Colette m’a dit merci. A moi, aux insoumis et à Jean-Luc. Des mercis à chaque fin de phrase, les yeux embués par l’émotion. Merci de lui avoir redonné espoir. De l’avoir rendu fière, elle qui vote à gauche depuis un demi-siècle et qui n’y croyait plus.
Elle, l’ancienne couturière qui a travaillé dur toute sa vie. Elle me montre ses mains. Elle me dit que ceux qui veulent repousser la retraite n’ont pas ses mains. Qu’ils n’ont pas son dos. Qu’elle ne veut pas ça pour ses petits-enfants, que ce n’est pas ça la vie. Qu’il y en a marre que ce soit toujours les pauvres qui triment et les riches qui décident.
Elle s’en va, toute intimidée, elle ne veut pas plus me déranger. Moi, je ne bouge pas, émue de cette discussion. Elle se retourne une dernière fois : « encore merci ! Vous lui direz à Mélenchon qu’on est fier de lui et qu’on lui dit merci ! Vous lui direz ! Et il faut continuer hein ! C’est maintenant qu’il ne faut rien lâcher ! »
Promis Colette, on ne lâchera rien, jamais.
J+7. Je prends enfin le temps de vous écrire. Le temps de s’en remettre. De réfléchir. De sécher les larmes et panser les plaies. Sans doute d’avoir croisé Colette m’a permis de trouver les mots qui ne venaient plus.
Moi, c’est à vous tous que je veux dire merci. Le succès de cette campagne, c’est le vôtre. Vous qui avez tracté, collé, convaincu, sans compter. Le bloc populaire, c’est vous.
Ils nous voulaient abattus après ces deux ans de Covid, 5 ans de brutalité sociale de Macron, plusieurs semaines de guerre en Ukraine. Ils nous voulaient résignés après les bourrasques d’attaques. Mais nous avons su transformer la colère en espoir, la résignation en enthousiasme. Je vous ai rencontrés aux quatre coins de la France, plus déterminés et enthousiastes que jamais. De Périgueux à Strasbourg, de Saint-Brieuc à Draguignan, de Limoges à Rennes, nos chemins se sont croisés dans un nombre incalculable de meetings. Il y avait de la joie. De la joie simple d’être ensemble. De l’espoir d’un autre monde. Vous nous avez donné de la force.
Ils nous voulaient divisés. Nous avons été unis. Des habitants des quartiers populaires ou des centre villes, des jeunes travailleurs ou des jeunes en formation, de Paris, de Marseille, de Pointe-à-Pitre, de Roubaix, de Saint-Paul. Des Colette, des Amine, des Marie, des Rachid. Que leurs prénoms soient ou non acceptés dans le calendrier par le raciste à 7%. Le bloc populaire c’est vous.
J+ 7. Maintenant j’en suis convaincue. Ce qui s’est levé ce 10 avril ne retombera pas. C’est aussi pour cela que je me suis engagée en politique : se battre avec les trippes sans rien lâcher. Sans jamais renoncer. Pour conquérir les cœurs des gens.
Nombreux commentateurs voyaient la gauche à terre. Vu d’Europe, le risque était grand d’un scénario à l’italienne. Mais la gauche a en réalité progressé de 4 points à l’échelon national. Jean-Luc Mélenchon progresse même plus de 700 000 voix et ce alors que l’abstention gagne du terrain (il faudra d’ailleurs à un moment que les sondeurs nous expliquent comment ont-ils faits pour si mal sous-estimer notre bloc populaire). Jean-Luc Mélenchon, malgré les vents mauvais, a fait progresser toute la gauche. C’est ça un capitaine, tenir le cap dans le beau temps, mais surtout dans la tempête.
Maintenant, nous sommes là. Debouts et fiers. Nous montrons même la voie pour nos collègues européens qui m’écrivent tous pour nous féliciter.
Il existe clairement aujourd’hui dans notre pays 3 blocs de taille similaire : l’extrême droite de Marine Le Pen, la droite libérale d’Emmanuel Macron et le bloc populaire avec Jean-Luc Mélenchon. Alors certes, il n’y a que deux marches sur le podium des institutions de la Vème République, qui démontrent une nouvelle fois leur incapacité à traduire les aspirations populaires. Et la frustration des 400 000 voix manquantes n’en est que plus grande tant elles auraient pu nous ouvrir le chemin d’une indispensable refondation démocratique. Mais l’incroyable dynamique que nous avons créée avec cette campagne ne doit pas retomber.
Dimanche soir dernier, des centaines de jeunes se sont spontanément rassemblés devant notre QG électoral. Ils pleuraient. Chantaient. Dansaient. J’ai compris ce soir-là la force de l’espoir qui s’était levé, en particulier chez les plus jeunes.
« Faites mieux » concluait Jean-Luc Mélenchon dans son intervention. On le fera. Tous ensemble. Même si Macron et Le Pen ne le veulent pas, on le fera. Et ça commence dès les élections législatives pour envoyer à l’Assemblée nationale le plus grand nombre possible de députés de combat et construire une majorité parlementaire pour mettre en oeuvre l'avenir en commun.
A cœur vaillant rien d’impossible. Et nos cœurs à nous débordent d’énergie.
J+7. Je pense à toutes les Colette du monde qui nous ont donné tant de force. Nous, nous savons pour quoi et pour qui nous continuerons toujours de nous battre. Nous sommes le bloc populaire et tant que nous resterons unis, rien n’arrêtera notre marche vers un autre monde. Qui plus que jamais, est possible.
Amitiés,
Manon
