“Vous n’auriez pas des penchants exhibitionnistes?”
Voici la question posée par un avocat de La Défense à Gisèle Pélicot, droguée et violée pendant plus de 10 ans.
Ou comment la victime se retrouve accusée.
La rage.
Au procès de Gisèle Pélicot, la défense diffuse des photos d’elle, dénudée, et au milieu de jeux sexuels. Des photos prises bien sûr à son insu et après l’avoir sédatée. Des photos qui auraient attiré les hommes. Comme si elle était responsable des viols qu’elle a subis.
Voilà donc comment sont traitées les victimes de violences sexuelles devant les tribunaux.
“Je comprends que les victimes de viol ne portent pas plainte, parce qu’on passe vraiment par un déballage humiliant.”
La réponse digne et courageuse de Gisèle Pélicot dit tout. Mais il n'est pas étonnant de voir que seulement 6% des femmes victimes de violences sexuelles portent plainte. Mais ces questions illustrent comment la charge de l’accusation est très souvent renversée dans les affaires de violences sexistes et sexuelles.
A la douleur des violences, la lenteur des procédures, l’humiliation de l’exposition se rajoute donc la violence de l’accusation. Alors que le droit est censé protéger les victimes.
Bien sûr, tous les accusés ont droit à une défense. Mais il y a des limites avec l’indécence. Et je ne parle même pas d’une avocate de la défense, qui prend plaisir à se filmer en train de danser sur “wake me up before you go”.
Rappelons qu’il s’agit d’un cas de viol sous soumission chimique et que les accusés ont violé le corps inerte de Gisèle Pélicot. Une chanson de très mauvais goût donc.
Cette stratégie de culpabilisation des victimes de violences sexistes et sexuelles est un grand classique. Et démontre une nouvelle fois la nécessité d’inclure la notion de consentement dans la définition du viol. Pour que la honte change enfin de camp la bataille va être longue et dure.
Mais ce procès peut faire date pour amorcer un changement durable dans la société. Pour mettre à terre la culture du viol. Cela ne fait que commencer.