Étape 3 : Une dame pas sage
« Cela fait 45 ans que je descends dans la rue, je n’ai rien fait d’exceptionnel et il en faudra plus pour m’arrêter ». Lors de notre rencontre au terme de notre troisième étape qui nous a amenés à Nice, Geneviève Legay pose tout de suite les choses : elle n’aime pas qu’on la considère comme une héroïne. Ni comme une résignée : sa fougue et sa détermination restent intacts.
Mais elle est devenue bien malgré elle un symbole : celui des violences policières qui ont marqué ces derniers mois et notamment la répression brutale subie par les gilets jaunes. Plus de 2500 blessés, 24 éborgnés, 5 mains arrachés. Un lourd bilan subi par des des manifestants qui aspiraient simplement à davantage de justice fiscale. « C’était comme si c’était la guerre » réalise avec le recul Geneviève.
Elle raconte d’ailleurs l’état de choc des personnes qui ont défilé à son réveil dans sa chambre d’hôpital, un état suscité par la violence des images de sa chute qu’elle ignore encore à ce moment-là. Officiellement Geneviève aurait refusé d’obtempérer en ignorant les sommations des forces de l’ordre avant leur intervention. Officiellement donc car non seulement Geneviève ne les a pas entendues mais il semblerait qu’elle ne serait pas la seule, d’autres témoins ayant abondé dans ce sens malgré les tentatives d’intimidation exercées dans le cadre de l’enquête.
Et c’est de cette démocratie en danger dont nous avons échangé avec Geneviève à la réunion publique que nous avons organisé le soir à Nice (tout juste descendue de vélo, excusez ma tenue ! 😉) devant des dizaines de militants, gilets jaunes et curieux. Une démocratie également en danger à Fréjus, le temple de l’extrême-droite, où nous avons démarré notre étape du jour sur mes terres natales. De Fréjus à Nice, ce furent quelques dizaines de km (vallonés - les mollets ont un peu chauffé) à travers un magnifique paysage malheureusement altéré par la soif immobilière à mesure qu’on s’approche de Nice et dont je ne cesse de mesurer la progression depuis mon enfance. De Fréjus à Nice, c’est le même combat néanmoins pour faire vivre la démocratie mise en danger par les violences policières ou les pratiques autoritaires de l’extrême droite.
Et pour cela, rien de tel que de suivre l’exemple de Geneviève Legay, n’en déplaise à Emmanuel Macron et ses recommandations : ne pas être « sage » !
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